Notre tour du Queyras (du 15 au 20 juillet 2018)

VOYAGE  /  24/07/2018

Tristan et moi rentrons tout juste d’un sublime tour du Queyras, qui suit les traces rouges et blanches du GR58. Cet itinéraire, qui emprunte des sentiers souvent au-delà des 2000 m, permet de découvrir les villages, les sommets et les vallées du Parc Naturel Régional du Queyras, dans les Hautes-Alpes. Nous avons choisi de réaliser ce tour au départ de Ceillac, une petite commune perchée à 1640 m d’altitude, à 90 km de Gap et 13 km de Guillestre .
L’avantage indéniable de ce type d’itinéraire est que son tracé en boucle permet de laisser la voiture au départ et de la retrouver à l’arrivée, sans aucune logistique annexe. Bien entendu, il est possible de réaliser ce tour aussi bien dans le sens horaire que dans le sens anti-horaire. C’est ce dernier que nous avons choisi, par souci de commodité, car le Topo-guide le décrit ainsi.

La durée standard de ce tour est de 8 jours. Nous l’avions planifié sur 7, et l’avons finalement réalisé en 6 jours, ce qui, après réflexion, était certainement ambitieux. Doubler une ou deux étapes, pourquoi pas. Mais enchainer trois journées de 25 km avec plus de 1500 m de dénivelé positif à chaque fois, c’est beaucoup, surtout chargés comme nous l’étions.
Nous sommes partis avec un sac à dos d’environ quinze kilos chacun (un peu plus lourd pour Tristan), afin de pouvoir bivouaquer à loisir. Cela implique d’emporter une tente et du matériel de couchage, ainsi que de quoi cuisiner et des vivres. J’ai évoqué l’organisation d’un trek en autonomie dans les trois articles précédents, sur l’équipement, les vêtements et la nourriture en trekking.

Bien entendu, pour s’alléger, il est absolument envisageable de réaliser ce tour du Queyras en logeant et mangeant dans les gîtes et les refuges, nombreux sur le parcours qu’emprunte le GR58. Le poids du sac tombe alors à six ou sept kilos, eau incluse. Mais cela ne laisse guère de place à l’improvisation, surtout si l’on souhaite réserver les hébergements (ce qui est plutôt conseillé à cette période). En décidant de camper la plupart du temps (nous avions simplement prévu une nuit en refuge à mi-parcours), nous avons pu profiter à notre guise d’endroits merveilleux et souvent fréquentés uniquement par les marmottes.

Je vous propose aujourd’hui de partager avec vous, jour après jour, les différents moments de cette magnifique randonnée dans les Hautes-Alpes. Techniquement, elle n’est vraiment pas compliquée la plupart du temps, même si le dénivelé est bel et bien au programme. Le tracé du GR58 permet de côtoyer (voire de gravir) des sommets de plus de 3000 m sans pour autant prendre le moindre risque. Cela reste néanmoins un itinéraire de montagne, avec toute la prudence que cela implique, mais véritablement accessible à tout marcheur régulier.

Tour du Queyras / Topo Guide GR58

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Jour 1 ♥ Ceillac – Saint-Véran ♥ 12 km / 1100 m de D+

Ceillac – Saint Véran / 12 km 1100 m D+

Finale de foot (dont je me contrefiche au plus haut point) oblige, nous avons pour projet d’arriver à Saint-Véran avant 17h, heure de début du match. C’est donc à 11h que nous partons tranquillement de Ceillac bien chargés, direction le premier col de ce GR, le col des Estronques (2651 m), qui offre un superbe panorama sur les Queyras, mais aussi le Mont Viso et le Massif des Ecrins.

Col des Estronques / 2651 m

Aux alentours de 15h, nous arrivons à Saint-Véran, un très joli village perché à 2020 m d’altitude. Nous y achetons du pain et du fromage (délicieuse tome de brebis) en prévision du pique-nique du lendemain midi, et nous installons en terrasse au Grand Méchant Loup, où un écran a été installé spécialement pour la finale de la Coupe du Monde. C’est l’occasion de rencontrer des personnes que nous recroiserons et avec qui nous passerons des moments agréables durant la semaine. Nous y dînons, avant de partir installer notre premier bivouac à environ 1 km après la sortie du village, le long du torrent de l’Aigue Blanche, où nous craignons un peu un orage qui finalement ne nous menacera pas.

Finale de coupe du Monde à Saint-Véran
Bivouac Saint Véran / 2020 m

Jour 2 ♥ Saint Véran – Refuge d’Agnel – Lac du Foréant ♥ 14 km / 1100 m de D+

Saint Véran – Agnel / 14 km 1100 m D+

Nous prenons bien le temps de faire sécher la tente et mangeons tranquillement notre petit déjeuner avant d’amorcer une montée d’abord légère, le long du torrent, jusqu’à la chapelle de Clausis, puis de plus en plus raide direction le col de Chamoussière. Logé à pas moins de 2884  m d’altitude, ce col est le plus haut du GR58, et vraisemblablement de tous les GR français.

Col de Chamoussière / 2884 m

Le ciel devient menaçant, et la pluie nous atteint précisément dans la descente vers le refuge d’Agnel, une longue descente en pierrier avec parfois des névés, et beaucoup de vide, guère rassurante pour moi qui n’ai pas le pied sûr dans ces cas-là. Nous nous réfugions (c’est le cas de le dire) à l’intérieur du refuge d’Agnel pour quelques heures, le temps que la pluie cesse. Le temps d’y manger un bon plat copieux (soupe pour moi, pâtes pour Tristan) et bon marché, de recroiser le couple qui regardait le match à Saint-Véran la veille au soir (avec qui nous repasserons la soirée à La Monta), d’observer maintes fois la couleur du ciel avant de finalement nous élancer vers 17h pour le col Vieux (2806 m) et le Lac du Foréant. Un pari réussi puisque nous y plantons la tente et y préparons notre repas juste avant le retour de bonnes averses qui rythmeront notre sommeil.

Col Vieux : 2806 m

Jour 3 ♥ Lac du Foréant – La Monta ♥ 9 km / 1100 m de D-

Lac Foréant – La Monta / 9 km  1100 m D- (étape en descente)

Aujourd’hui, notre réveil sonne à 5h15 et il fait très frais dehors en sortant de la tente, peut-être 4 ou 5°C. Nous avons pour projet de partir pour l’ascension du Pain de Sucre (3208 m) à la fraiche. La vue de là-haut offre un panorama grandiose sur l’ensemble du Queyras et le Mont Viso. Attention si vous décidez d’y monter, le balisage n’y est pas aussi clair que sur le GR, et il faut suivre des cairns parfois fort peu visibles.

Pain de Sucre / 3208 m

Vers 8h30, nous sommes de retour à notre tente pour y prendre un petit déjeuner ensoleillé au bord du lac.

Lac du Foréant / 2618 m

Après cela, notre cheminement jusqu’au refuge de la Monta est court et principalement en descente  (1100 m de dénivelé négatif). Cette étape, l’une des plus belles de tout le GR, permet d’admirer le Lac Egorgéou à 2394 m, et de suivre des kilomètres durant le cours du torrent de Bouchouse, dans les sources duquel nous avons rempli nos gourdes au petit matin, jusqu’au gîte de la Monta où nous avions prévu de passer la nuit (et, accessoirement, de prendre une bonne douche !). Le hameau de la Monta, dont ne subsistent que l’église, le cimetière et le refuge, et également doté d’un vaste camping. Nous dînons sur place, avec le couple rencontré à Saint Véran, et Julien, rencontré ici, et passons une bonne nuit réparatrice dans le dortoir.

Lac Egorgéou / 2394 m

Jour 4 ♥ La Monta – Abriès – Lac du Grand Laus ♥ 23 km / 1770 m de D+

La Monta – Abriès / 15 km 780 m D+
Abriès – Lac du Grand Laus 8 km 990 m D+

C’est vers 6h15 que nous prenons le petit déjeuner avec Julien, rencontré la veille au gîte, qui a lui aussi prévu une étape plus longue que les étapes classiques. Nous quittons les lieux vers 7h direction Ristolas pour monter ensuite à la Collette de Gilly (2366 m) à travers les alpages (pistes de ski l’hiver, en témoignent les nombreux téléskis disséminés dans le paysage).

Arrivés à Abriès (1583 m) vers 11h, après une agréable descente, nous avons la chance d’y trouver un marché où nous achetons des fruits frais. Nous prenons le temps de déjeuner au Chalet de Lanza, qui propose une bonne option végétarienne (bouddha bowl) pour moi et des lasagnes pour Tristan, avant de nous élancer pour une longue, raide mais magnifique montée à travers la prairie fleurie et verdoyante du Vallon de Malrif jusqu’au Lac du Grand Laus (2579 m). Également nommé Lac du Malrif, ce déversoir aux eaux claires et fraiches est idéalement situé, juste au pied d’une crête dont plusieurs sommets atteignent ou dépassent les 3000 m. Nous installons notre bivouac pour la nuit juste en-dessous d’un névé, au bord du ruisseau, et profitons un bon moment du soleil, des marmottes… et des eaux fraiches du lac.

Vallon du Malrif
Lac du Grand Laus (2579 m)

Jour 5 ♥ Lac du Grand Laus – Les Fonds – Souliers – Brunissard ♥ 25 km / 1345 m de D+

Lac du Grand Laus – Les Fonds – Souliers – Brunissard / 25 km 1345 m D+

Nous ne le savons pas encore en mangeant nos flocons d’avoine à 7h30, mais c’est une longue journée qui nous attend. Après le petit déjeuner, nous commençons par une ascension plutôt raide, direction la Crête des Eaux Pendantes (2830 m), juste au-dessus de nous, où subsiste une certaine quantité de neige, que nous distinguions déjà la veille dès le début de notre ascension depuis Abriès.

Crête des Eaux Pendantes (2830 m)

S’amorce ensuite la descente, d’abord dans les marnes schisteuses puis dans les alpages, en suivant le cours du torrent de Pierre Rouge, qui a creusé le vallon, jusqu’au hameau des Fonts de Cervière (2040 m), où nous ne nous arrêtons pas. Pour ceux qui randonnent en respectant les étapes « classiques » du GR58, il est possible d’y dormir dans un refuge.

Nous remontons pour ainsi dire tout ce que nous avons descendu, direction cette fois-ci le Col de Péas (2629 m), dominé par le Pic de Rochebrune. De l’autre côté de cette montagne se trouve le fameux col d’Izoard, bien connu des cyclistes et des triathlètes.

Col de Péas (2629 m)

La descente du col, facile, à travers les alpages, nous mène à Souliers (1884 m), où nous prenons un excellent déjeuner au gîte, sur une terrasse avec une vue imprenable sur les montagnes, avant de repartir vers le col du Tronchet (2347 m) qui nous permet d’atteindre Brunissard, après une descente assez raide. Ce village est équipé d’un gite et d’un camping, mais nous poursuivons notre étape sur 2 km jusqu’au torrent de Combe Bonne, où nous installons un bivouac un peu moins grandiose que les précédents pour la nuit, à 1790 m.
Nous avons marché beaucoup et longtemps aujourd’hui, et cela s’en ressent sur le moral et l’état physique. Doubler ou prolonger quelques étapes durant le trekking est tout à fait à notre portée, mais plusieurs journées d’affilée, ce n’est pas très raisonnable, avouons-le. Pourtant, l’envie est grande de rejoindre Ceillac directement le lendemain.

Jour 6 ♥ Combe Bonne – Escoyères – Bramousse – Ceillac ♥ 21 km / 1600 m de D+

Combe Bonne – Escoyères / 13 km 812 m D+
Bramousse – Ceillac / 8 km 780 m D+

La nuit à 1790 m a été bien plus chaude que les précédentes, et même si nous ne sommes pas au bord d’un joli lac, nous avons le torrent à proximité, et nous prenons notre petit déjeuner attablés à une table de pique-nique dédiée, en t-shirt, car la température est déjà agréable.

L’étape commence directement par une montée ombragée à travers la forêt, puis redescend jusqu’à la route pastorale de Furfande, en empruntant quelques passages en éboulis légèrement exposés. La partie du sentier qui nous amène au Col de Furfande (2500 m) est en pente douce, sur un chemin large qui recoupe à maintes reprises les lacets d’une improbable piste, à travers un paysage rocailleux et impressionnant. Le contraste est étonnant avec l’autre côté du col et l’alpage de Furfande, verdoyant et fleuri, au pied de la Dent du Ratier. Le refuge de Furfande, récemment rénové, semble accueillant et offre une vue imprenable sur tous les sommets alentours. On s’y attarderait bien davantage, on y planterait même bien la tente, s’il n’était pas 11h du matin.

Alpage de Furfande (2293 m)

La descente est agréable mais à peine longue tout de même jusqu’aux Escoyères (1532 m), et lorsque, dans ce hameau, un monsieur nous propose de nous descendre en voiture via les 28 lacets d’une petite route où il faut parfois manœuvrer pour passer les virages, nous acceptons sans tarder et gagnons 400 m de dénivelé négatif ! 400 m, c’est quasiment ce que nous remontons aussi sec pour atteindre Bramousse (1430 m), où, à notre grand bonheur, la responsable du gîte Le Riou Vert accepte de nous préparer à manger bien qu’il soit 14h bien sonnées. Notons au passage que le hameau de Bramousse est composé de quatre groupes de maisons, chacun équipé d’un four à pain en état de fonctionnement.

Je ne l’ai pas précisé dans le récit des précédentes étapes, mais depuis notre passage à Abriès, ville dotée d’un marché et d’une supérette, nous n’avons pas eu d’occasion d’acheter un morceau de pain et du fromage pour pique-niquer quelque chose de salé le midi. Nous avions initialement prévu de redescendre du Lac du Laus en passant par Aiguilles (où là nous aurions trouvé du ravitaillement), mais avons finalement improvisé en passant par les Fonts, voyant que notre rythme de marche le permettait.

Faisant fi des risque d’orages annoncés, surveillant l’évolution du bleu du ciel, nous repartons déterminés à 15h, à l’assaut de notre dernier col de la semaine, le Col de Bramousse (2251 m), que nous atteignons en 1h30 environ, avec seulement quelques gouttes de pluie. La descente dans l’alpage, accompagnés des dernières marmottes, direction Ceillac, est un bonheur, et s’opère sous le soleil. Nous devons bien avouer que la fin nous a semblé un peu longue, et que nous sommes ravis d’arriver, de boire un verre et manger un morceau à Ceillac, avant de repartir direction la Drôme pour y dormir dans un vrai lit, chez les grands-parents de Tristan.

Dans le Col de Bramousse

En bref

Ce GR58 offre vraiment des panoramas à couper le souffle.
Le fait qu’il décrive une boucle facilite la logistique, puisque vous pouvez laisser la voiture dans l’un des villages (Ceillac par exemple) et la retrouver à l’arrivée.
Il est accessible à un marcheur moyen, pour peu qu’on respecte les étapes (environ 12/15 km et moins de 1000 m de D+ par jour). Les bons marcheurs peuvent augmenter un peu les étapes, ou profiter des différents points de chute pour réaliser des promenades ou des ascensions sans le gros sac à dos (Pain de Sucre, Grand Glaiza, Lac Mézan). A titre d’information, nous avons globalement effectué les montées en deux fois moins de temps que le temps indiqué dans le topo-guide, et les descentes en un peu moins de temps que le topo, malgré notre charge sur le dos.
En le réalisant en dormant dans les différents refuges, on allège considérablement le poids du sac mais on diminue du même coup la flexibilité. C’est une expérience différente. Je n’ai pas décrit ici tous les refuges, mais le topo-guide (indispensable) les liste et permet de les réserver à l’avance. Pour notre part, nous avons vraiment apprécié de bivouaquer au bord des lacs, avec des vues à couper le souffle, en altitude, au plus près des marmottes, même si cela impliquait de porter 15 kg sur notre dos.
Nous vous conseillons de bien vous ravitailler dans les villages qui le permettent (Saint  Véran, Aiguilles, Abriès), notamment en fromage, saucisson, pain, pour disposer de salé à grignoter le midi.
Pour ce qui est de l’eau, 1L par personne est amplement suffisant, puisque nous avons croisé de nombreuses sources et rivières sur notre chemin, dont l’eau, au-delà des 2500 m, peut être bue sans souci.
Foncez, c’est vraiment une région qui vaut le détour ! J’ai eu à certains moments des souvenirs d’Islande, à d’autres moments de Norvège, et pourtant nous étions en France, pour un budget bien plus raisonnable.

Un tour du Queyras impressionnant de beauté et de diversité, qui nous a donné envie de randonner encore et encore.

3 commentaires Ajoutez le votre

  1. Larbodiere dit :

    Hello Jessica. Merci pour cet article qui donne envie. Je compte faire une rando de 4 jours avec ma fille fin Août. Quel portion d’itinéraire sélectionner ? Merci Arnaud

  2. Super, je compte le faire début juillet cet été, votre article est une mine d’or d’informations, merci beaucoup !

    1. Jess dit :

      Merci pour votre commentaire, et si vous avez des questions n’hésitez pas ! Vous allez en prendre plein la vue !

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