SPORT / 28/10/2018
Samedi 13 octobre, Tristan et moi avons participé pour la troisième fois à notre désormais traditionnelle épreuve d’automne, la Gravity Race du lac d’Annecy.
Discipline : swimrun
Nom d’équipe :
Les Marmottons
Départ : Saint Jorioz
Arrivée :
Veyrier-du-Lac
Distance : 42km dont 8km de natation
Dénivelé positif : 2200m
Nombre de transitions : 13
Temps écoulé :
9h
C’est la veille que nous avons pris le train direction Annecy, où nous sommes arrivés vers 21h30, puis le taxi direction Veyrier-du-Lac, partagé avec Nathalie et Béné qui seront également présentes sur la course le lendemain, pour leur deuxième swimrun. Notre hôte nous accueille chaleureusement avec des fruits du jardin, et nous propose de nous prêter ses vélos pour nous rendre le lendemain matin à la plage de la Brune. Cela nous épargnera une vingtaine de minutes de marche, et nous fera gagner quelques minutes de sommeil. Nous avons déjà dîné de patates douces, de quinoa et de compote pommes-châtaignes dans le train, il ne reste plus qu’à boire une tisane et nous reposer pour quelques heures.
♥ ♥ ♥
5h00 : Le réveil sonne, mais nous sommes déjà éveillés, l’excitation sans doute. Je prépare un miam-ô-fruits avec une belle dose de purée de cacahuètes, en espérant qu’elle me donnera de l’énergie un long moment. Granola, lait végétal, thé bien chaud, nous voilà prêts à affronter un parcours plus exigeant encore que les années précédentes. « Le plus difficile d’Europe », annonce le teaser publié sur la page Facebook de Gravity Race. Qu’à cela ne tienne, nous nous sommes bien préparés, et le mental est disposé à souffrir.
6h00 : Nos sacs sur le dos, nous enfourchons les vélos de Vanessa et pédalons sans dire mot en direction de la plage de la Brune, où est déjà installée la ligne d’arrivée. C’est ici que nous prenons une navette direction l’autre rive du lac, à Saint Jorioz. Il fait nuit noire, nous n’avons pas d’éclairages, et heureusement le trajet ne dure que quelques minutes.
6h15 : Peu de monde au retrait des dossards. Les autres binômes les ont probablement récupérés la veille au soir lors du briefing. Nous étions encore dans le train. Toujours dans la pénombre, nous nous équipons, afin de laisser ici nos sacs que nous retrouverons à l’arrivée. Nous montons dans le bus, affrété par les organisateurs pour l’occasion, en combinaisons, pullbuoys à la cuisse. Le calme règne, certains ont déjà leurs bonnets et leurs lunettes de natation sur la tête, fin prêts.
7h15 : Le jour n’est pas encore levé lorsque nous débarquons sur la plage de Saint Jorioz, mais les silhouettes des montagnes alentours se distinguent facilement à l’horizon. C’est une magnifique journée qui s’annonce, pas un nuage, des températures extrêmement douces, c’est à peine croyable pour un mois d’octobre. Tellement incroyable que le niveau du lac n’a pas été au plus bas depuis plus de cinquante ans, foutue sécheresse… Derrière l’arche de départ, nous croisons des binômes qui, eux aussi, sont des habitués de la Gravity Race, et nous partageons un bref instant nos expériences sportives de l’année. La presque totalité des participants sont équipés de grandes plaquettes… Nous cultivons notre style, sans plaquettes. Peut-être un jour franchirons-nous le cap, mais aujourd’hui ce sont 8 kilomètres qui nous attendent, et nos épaules nous remercierons sans doute.
7h30 : Le départ est donné, dans une ambiance détendue. Environ 80 binômes s’élancent au soleil levant pour le premier kilomètre de course à pieds, avant de se jeter dans le lac d’Annecy pour une première natation sans corde. Tristan nage derrière moi, il me pousse les pieds de temps à autre pour que j’aille plus vite.
La deuxième natation nous fait bien remarquer les effets du manque d’eau dans le lac, puisque nous sommes contraints d’en marcher une grande partie. Arrivent les 4,3 km de course à pieds dans la Montagne d’Entrevernes, puis les 2,1 km, avec un léger dénivelé, et nous remarquons deux équipes mixtes autour de nous. Avant de redescendre en direction de lac, nous profitons de la vue superbe, et nous voyons au loin les binômes qui nous précèdent, déjà élancés dans la fameuse traversée du lac. A part cela, difficile de savoir où nous sommes placés dans le classement, mais cela nous importe peu en réalité.
Nous sommes plutôt paisibles dans notre progression, nous pourrions aller plus vite, mais je sens que je n’ai pas tellement la capacité de forcer, sans doute consciente qu’il nous reste un bon morceau et que la journée risque d’être longue.
Juste avant la traversée du lac, de Duingt jusqu’à Angon, un bénévole nous pare d’un ballon gonflable qui nous permettra d’être bien visibles dans l’eau. Cette traversée est toujours aussi magique, année après année. Sensation d’être seuls au milieu du lac, sans autres embarcations que les kayaks de la sécurité aux alentours.
9h00 : Passée cette agréable portion de natation, nous savons que nous abordons désormais un gros morceau de la course, avec deux belles nouveautés 2018 : la montée (et la descente, de fait) au Chalet de l’Aulp, suivie de très près par une natation de 3 km le long du Roc du Chair. Dans la longue montée de 6 km et 1000 m de dénivelé positif, nous doublons quelques binômes. Là-haut, à 1425 m, avec cette vue sur la Tournette et sur les alpages, le panorama est à couper le souffle, plus encore sous ce soleil d’automne.
Après un ravitaillement, nous descendons direction Talloires, d’où s’élancent à 11h les participants à la version courte de la Gravity Race, que nous étions à quelques doigts de croiser. Fait étonnant, pour une fois, personne ne nous dépasse dans la descente. Au pied de cette bosse, nous croisons des dizaines et des dizaines de binômes qui courent la version courte, et partageons une natation avec eux, avant de bifurquer à gauche direction le Roc du Chair, qu’eux vont parcourir à pieds pendant que nous le longeons à la nage.
11h20 : C’est parti pour 3 km dans les eaux claires du lac d’Annecy. 3 km à longer les montagnes, dans lesquelles sont creusées de petites grottes, mais aussi des plages, sur lesquelles les gens se détendent. 3 km aussi magnifiques que difficiles, le vent ne nous est guère favorable, des vagues viennent nous secouer en pleine face. Je vois Tristan qui lutte devant moi contre ces vagues. Nous regrettons certainement les plaquettes à cet instant précis. Plusieurs binômes au dossard bleu nous dépassent, bien équipés en plaquettes pour leur part. Nous passons environ 1h dans l’eau, et le froid se fait ressentir. 17°C, ce n’est pas si froid, mais le vent, la fatigue, la durée de cette portion de natation jouent beaucoup, nous savions que ce serait difficile. Au ravitaillement, nous mangeons du pain, du fromage, pour reprendre des forces et nous réchauffer (surtout moi, qui grelotte…) car ce sont ensuite 300 m de natation, puis 400 et enfin 700 qui nous attendent, entre-coupés de très brèves portions de course à pieds. Trop brèves pour me réchauffer véritablement. Mais le mental est là aujourd’hui, et dans ces cas-là c’est lui qui prend la main. Nous venons à bout de cette partie difficile, ravis de monter au Mont Veyrier, qui va nous réchauffer. Un peu trop…
15h00 : Nous voilà sur les crêtes, à 1291 m, avec une vue imprenable sur le lac bleu azur. De là-haut, nous distinguons bien les zones où l’eau est plus basse que de raison. Nous avons commis une erreur de débutants en ne montant là-haut qu’avec une flasque de 500 mL pour deux, pensant que cela suffirait. En effet, les années précédentes, nous n’en consommions pas davantage dans le Mont Veyrier. C’était oublier le fait qu’habituellement, nous montions là-haut en début de course, donc encore bien hydratés et à la fraiche. Cette fois-ci, cette bosse arrive à la fin, et il fait chaud. C’est donc quelque peu assoiffés que nous redescendons, prudemment, car je ne suis pas très à l’aise dans cette descente. Nous nous désaltérons directement dans le lac, lors de la petite natation qui suit. 100 m, suivis d’un kilomètre de course à pieds, puis de 700 m de natation avant de rejoindre la ligne d’arrivée. Durant ces 700 derniers mètres, je me repasse en boucle le film de la journée dans ma tête, et me dis que nous sommes chanceux de nager ici, ensemble, aujourd’hui, qu’il faut en profiter pleinement, car l’hiver arrivera vite.
16h30 : Nous voilà sur la ligne, après 9h d’effort, ou plutôt 9h de plaisir, car hormis le petit manque d’eau tout là-haut, tout le reste n’a été que plaisir et partage. Une fois n’est pas coutume, nous arrivons sans douleur, en courant, avec la sensation d’être en mesure de continuer s’il le fallait. Béné et Nathalie sont là, elles ont terminé leur course, de même que Marion et Simon. Bravo à eux, et quel bonheur de croiser des amis à l’arrivée !
♥ ♥ ♥
Cette journée fut riche en émotions, en plaisir avant tout, en partage aussi.
Les montagnes autour des eaux bleues du lac d’Annecy ne sont jamais aussi éblouissantes que lorsqu’elles se parent des nuances rouges de l’automne. Les nouveautés dans le tracé nous permettent de vivre chaque année une nouvelle aventure, avec son lot d’imprévus, et le parcours version 2018 regroupait ce qu’il fallait d’exigence, de difficultés, et de beauté des panoramas, avec une météo plus que clémente en prime. Il me reste à conclure sur un immense merci à Marie et Raphaël, qui rendent possibles de tels instants, en organisant des swimruns hors du commun, dans des lieux magiques.
Merci Marie, merci Raphaël.
Une seule envie : recommencer !