Une semaine de trail à Madère

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VOYAGE  /  03/11/2018

Le cirque de Caldeiraõ verde

Si Lanzarote est le paradis des cyclistes, Madère est celui des randonneurs et des traileurs. Connu pour son vin et son climat souvent qualifié d’éternel printemps, Madère est en réalité un archipel composé de plusieurs îles, auquel la plus grande a donné son nom. D’origine volcanique, cette île de 23 km de large et 53 km de long  est riche en piscines naturelles, plages de galets, forêts où se mêlent eucalyptus et châtaigniers, plantations de bananes et patates douces, falaises très abruptes, mais aussi en cascades et montagnes. Les  levadas, ces quelques 2000 km de canaux d’irrigation, que l’on retrouve un peu partout sur l’île, offrent autant de possibilités de randonnées et de courses à pieds, dont la plupart sont accessibles à tous. Pour trouver un terrain sensiblement plus technique, il faut se rendre au centre de l’île, où trônent différents picos, dont le plus élevé, le Pico Ruivo, culmine à 1862 m. Pourtant située à moins de 5h de Paris, Madère possède un quelque chose de l’île de la Réunion. Son climat, sa végétation luxuriante, ses pentes aux forts pourcentages, son littoral urbanisé et ses montagnes sauvages. Le relief y est tel que la piste de l’aéroport de Funchal a été construite sur pilotis pour y créer un minimum de plat.

Notre semaine de trail automnal à Madère s’est achevée sous le soleil, après avoir joué avec la pluie, la brume et les nuages tous les jours (éternel printemps, tu parles !). L’occasion de partager ici quelques bons plans idées de parcours.

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Comment s’y rendre et s’y déplacer ?

Nous avons pris un vol Transavia Paris-Funchal via Porto, qui permet d’atteindre Madère en 5h pour environ 200€ par personne (en période de vacances scolaires).
Si de nombreux bus sillonnent l’île, la plupart depuis la capitale Funchal, l’option qui laisse le plus de liberté, reste la location de voiture. Elle nous a permis de ne pas loger dans une grande ville, de changer aisément d’hébergement en cours de séjour, de dormir le matin lorsque nous le souhaitions, de nous rendre aux départs de randonnées à notre guise et tenter à plusieurs reprise de monter aux Picos en espérant y trouver une vue dégagée. Nous avons dépensé moins de 40€ d’essence en une semaine.
Un bémol toutefois, pour pouvoir réserver une voiture au meilleur prix, et éviter de payer une assurance supplémentaire souvent plus chère que le prix de la location elle-même, il faut impérativement posséder une carte bancaire sur laquelle il est mentionné « CREDIT ». Notre carte étant ce qui se fait de plus classique en France, mais portant l’inscription « DEBIT », notre réservation de voiture en ligne nous a été refusée, et la location sur place nous a coûté le double du prix prévu, assurance oblige. Cette information est valable à Madère, mais au Portugal de façon générale.

Où dormir ?

Nous avons passé quatre nuits à Caniçal, non loin de l’aéroport, dans un appartement très spacieux et bon marché loué via Airbnb, avec une vue plongeante sur l’océan, un parking au pied de la résidence. Cette petite ville n’a rien de charmant, disons-le, mais a l’avantage d’être proche des grands axes, ce qui nous a permis de nous rendre en peu de temps dans tous les points d’intérêt de la partie est de l’île.
Notre deuxième appartement, toujours loué via Airbnb, était beaucoup plus charmant, en plein cœur du centre du village minuscule de Ponta do Sol, en bord de mer, au milieu des plantations de bananes, et au pied de falaises abruptes.

Madère / Ponta do Sol

Notre budget hébergement pour sept nuits n’a pas dépassé les 200€ (pour deux personnes).

Courir à Madère.

Le parallèle avec l’ile de La Réunion ne s’arrêtant pas au relief, au climat et à la végétation, Madère est elle aussi célèbre pour le trail qui en fait la traversée. Une petite Diagonale des Fous, diront certains. Le MIUT, ultra-trail de Madère, traverse l’île du Nord-Ouest au Sud-Est en 115 km et 7200 m de dénivelé positif. Il affiche complet à peine quelques heures après l’ouverture des inscriptions. Nous avons découvert après-coup qu’un Ecotrail avait lieu le week-end où nous y étions, et l’organisation de la Maxi-Race propose désormais une date en décembre à Madère.
Outre ces grands événements, il y existe beaucoup de courses en pleine nature, et même un swimrun.
Les sentiers à Madère sont très bien entretenus, voire aménagés à l’extrême, qu’il s’agisse des sentiers qui longent les levadas ou de ceux qui sillonnent les montagnes. Ils sont souvent pavés, les passages exposés sont sécurisés la plupart du temps, ce qui les rend absolument accessibles à tous.

Les indispensables, selon moi, pour courir à Madère, sont :

  • Une bonne paire de chaussures de trail, qui sèche vite de préférence. Même en faisant très attention, il est difficile de ne pas se mouiller les pieds, que ce soit dans les flaques d’eau, dans la boue, en traversant des cascades ou des rivières. Généralement, nous étions très prudents en début de sortie, et finalement nous traversions à gué sans passer par les rochers à la fin. De toute façon, il a souvent plu donc nous nous sommes mouillés.
  • Une lampe frontale, même si vous prévoyez de courir seulement en journée, car nombreux sont les tunnels à traverser au gré des sentiers, dont certains relativement longs (jusqu’à 1 voire 2 kilomètres).
  • Le guide de randonnées de Madère Rother, qui propose 60 possibilités, toutes bien décrites, classées par difficultés grâce à un code couleur. L’inconvénient des itinéraires proposés est qu’ils sont souvent décrits en aller-retours et non en boucles. Ce n’est pas propre au guide, mais à la géographie de l’île. En effet, les levadas remontent jusqu’à des sources et bien souvent il faut ensuite suivre le sens du courant pour revenir au point départ.
  • Une veste coupe-vent, car il peut faire frais dans les montagnes.
  • Une poche à eau avec 1L de réserve en eau.
  • Une pochette étanche pour le téléphone (un sac congélation peut faire l’affaire), et pour le guide Rother si vous ne voulez pas qu’il finisse dans le même état que le notre.
  • Un t-shirt sec à enfiler après les sorties.

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Voici un petit condensé des parcours que nous avons courus à Madère, pour une centaine de kilomètres et un peu plus de 4000 m de dénivelé positif.

♥ La presqu’île de Saõ Lourenço (itinéraire 12 du Guide Rother)

Cette balade classique de Madère est très fréquentée, mieux vaut donc s’y rendre tôt dans la matinée.
D’une distance d’environ 7 km aller-retour, avec un dénivelé positif de 400 m, le départ se fait depuis un parking situé après le village de Caniçal, à l’Est de l’île, au bout de la route ER109. On sillonne ici la presqu’île dépourvue de végétation presque jusqu’à ses confins, un paysage très différent de tout ce qui vous attendra par la suite sur l’île aux fleurs, déchiré par les vagues et le vent, désertique, qui n’est pas sans nous rappeler Lanzarote.

Presqu’île de Sao Lourenço / 7 km 400 m D+
Presqu’île de Sao Lourenço / 7 km 400 m D+

Ce jour-là, nous avons également gravi le Pico do Facho, non loin de Machico, itinéraire 11 du guide Rother (environ 7 km et 480 m de dénivelé positif).

♥ Caldeiraõ verde (itinéraire 28 du Guide Rother)

Le départ de cette course de levada se fait depuis le village de Queimadas, à 883 m. Pour la petite histoire, nous avons était ce jour-là bloqués par un rallye, et nous sommes donc garés plus bas, à 3 km exactement. Nous nous sommes rendus au départ de la levada en courant sur une route aux forts pourcentages, ce qui a ajouté 300 m de dénivelé à cet itinéraire théoriquement plat. L’aller-retour « officiel » fait 13, 3 km. Il est possible de prolonger de 5 km aller-retour en allant jusqu’au Caldeiraõ do Inferno, itinéraire 29, accessible seulement en ayant d’abord réalisé l’itinéraire 28.
La lampe frontale est nécessaire car il faut traverser plusieurs tunnels, et les douches sous les cascades sont nombreuses, de même que les traversées à gué. La levada a ici été en partie façonnée dans la paroi rocheuse, le chemin est large au début, puis se rétrécit au fur et à mesure.  Les passages exposés ont été sécurisés, et les fougères cachent quelque peu le vide au bord duquel nous posons nos pieds. La végétation est absolument luxuriante, on se croirait dans la jungle épaisse, et il n’est pas rare de croiser de hauts murs végétaux. Le cirque final et sa haute cascade est impressionnant.

Caldeirao Verde / 20 km 330 m D+

♥ Levada do Rei (itinéraire 30 du guide Rother)

Au départ de Quebradas, non loin de São Jorge, cette levada est très facile, très plate, ne nécessite pas de lampe frontale (un seul petit tunnel où passe la lumière), mais offre son lot de douches sous des chutes d’eau. La course le long des canaux d’irrigation est assez ludique et aisée, on apprend à y poser les pieds sur d’étroites bandes, à ne pas hésiter à fouler les flaques d’eau et de boue, et à admirer la végétation de la laurisilva (la forêt subtropicale humide typique de Madère, mais aussi des Açores et des Canaries). Un petit restaurant à l’arrivée permet de boire un café et de goûter une queijada ou un pastel de nata.

Levado do Rei / 10,5 km D+ insignifiant

♥ Ribeiro Frio – Feteiras de Baixo (itinéraires 19 du guide Rother)

Beaucoup moins fréquenté que les itinéraires précédents, ce circuit a l’avantage de former une boucle. On suit d’abord en montée une levada bien moins aménagée que de coutume jusqu’à sa source, on traverse un plateau peuplé de moutons, depuis lequel, par beau temps, on peut admirer les sommets de Madère, on redescend enfin via des escaliers aux pavés arrondis et au courbes douces.

Ribeiro Frio – Feteiras de Baixo / 7 km 330 m D+
Ribeiro Frio – Feteiras de Baixo / 7 km 330 m D+

♥ Paul do Mar (itinéraire 56 du guide Rother)

Notre quête de soleil durant cette semaine majoritairement pluvieuse nous a menés ensuite à Paul do Mar, ou nous avons suivi la description de l’itinéraire 56, en démarrant depuis le bord de mer. Après un café (bica pour un expresso et chino pour un allongé) à 70 centimes, nous avons traversé le charmant village de Paul do Mar, baigné de soleil, avant d’entamer un abrupte montée vers Fajã da Ovelha au milieu des cactus et des figues de barbarie. La vue sur le village y est spectaculaire. En haut de la montée, après avoir traversé le village perché, ce sont environ 10 km de levada qui nous attendent. Après cela nous avons dévalé une pente extrêmement raide pour rejoindre à nouveau Paul do Mar, après 18 km.

Paul do Mar depuis Faja de Ovelha
La levada que le parcours suit sur une dizaine de kilomètres.
Le début de la descente vers Paul do Mar depuis Prazeres.
Paul do Mar / 18 km 700 m D+
Paul do Mar / 18 km 700 m D+

♥ Encumeada – Pico Grande (itinéraires 38 & 39 du guide Rother)

Durant notre semaine à Madère, nous sommes montés à plusieurs reprises au Col d’Encumeada, espérant y trouver une fenêtre pour découvrir les hauteurs de l’île. Nous l’avons toujours trouvé dans la brume, la pluie, les nuages et le vent. Entreprendre cet itinéraire depuis Encumeada jusqu’à Boca do Cerro était un pari osé compte tenu des conditions au départ, mais nous ne l’avons pas regretté, car les panoramas étaient grandioses. Nous avons d’abord traversé une forêt touffue où se mêlent châtaigniers et eucalyptus, avant de cheminer à travers des ronces qui nous ont lacéré les jambes, le long d’un chemin de crête vraiment agréable. Arrivés à Boca do Cerro, nous avons tenté l’ascension du Pico Grande, mais nous sommes arrêtés à la moitié, rattrapés par la brume et les nuages denses. Nous sommes rentrés par le même chemin.

Encumeada – Pico Grande / 20 km 1000 m D+
Encumeada – Pico Grande / 20 km 1000 m D+

♥ Pico de Areiro – Pico Ruivo (itinéraire 34 du guide Rother)

Ce parcours, nous l’avons attendu toute la semaine, dans l’espoir de trouver un ciel dégagé sur les vidéos des webcams placées aux abords des sommets de Madère. La veille de notre départ, 7h du matin, ciel dégagé, nous nous sommes empressés de prendre notre petit déjeuner pour ensuite faire la route jusqu’au Pico de Areiro, 1818 m, qui s’atteint en voiture (ou en bus). De là, démarre un sentier de crêtes extrêmement bien aménagé (comme tous les sentiers de l’île finalement), souvent pavé, souvent sécurisé, équipé d’escaliers. Lunettes de soleil et lampe frontale sur la tête, pour parer à toute éventualité, c’est une succession de montées et de descentes qui nous attend, de tunnels non éclairés, de chemins taillés dans la roche, jusqu’au Pico Ruivo qui, perché à 1862, n’est autre que le toit de Madère. Nous avons la chance d’y trouver un panorama dégagé. Pour mettre toutes les chances de votre côté si vous entreprenez ce parcours aérien, mieux vaut partir tôt, car passés 11h, les nuages remontent et cachent la vue.
Ce parcours, malgré son dénivelé un peu plus élevé que d’autres parcours sur l’île, est véritablement accessible à tous, et cela se voit car la fréquentation y est très dense.

Pico de Areiro – Pico Ruivo / 15 km 1000 m D+
Pico de Areiro – Pico Ruivo / 15 km 1000 m D+

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Pour ceux qui hésitaient encore à se rendre à Madère, courez-y. Cette destination est tout à fait dépaysante bien que proche, et relativement bon marché. En toute saison les parcours de trail ou de randonnée y sont grandioses et variés. Il est possible d’y trouver aussi bien du plat le long des levadas que du dénivelé conséquent dans les hauteurs. Bien que ne s’élevant qu’à 1800 m environ, les plus hauts sommets de l’île possèdent un caractère alpin indéniable, tout en étant aménagés comme des sentiers de bord de mer. La végétation luxuriante, et les plantations de bananiers ont un petit quelque chose de l’île de La Réunion.
Oubliez en revanche le vélo à Madère ! Les routes aux pourcentages la plupart du temps impressionnants en décourageront plus d’un, et nous n’avons même pas eu l’envie de tenter quoi que ce soit.

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